« Edito d’Alain Avello pour le n°9 de « La Lettre » (mars 2016) »
L’élection présidentielle de 2017 sonnera aussi comme une délivrance pour l’Ecole et l’Université, puisqu’elle verra enfin s’achever le ministère Vallaud-Belkacem. Depuis le 26 août 2014, l’effondrement de notre système d’enseignement s’est en effet non seulement poursuivi, mais amplifié sous l’impulsion d’un ministre pétri d’idéologie, et dont l’inféodation sans réserve à la logique euromondialiste ferait virer à l’oxymore la désignation de « ministre de la République » dès lors qu’on prétendrait la lui appliquer.
D’où Najat Vallaud-Belkacem tient-elle, en particulier, cette détestation de la langue française pour prétendre à ce point en liquider l’enseignement ? A l’amputation sans précédent des horaires alloués au français que prévoit la catastrophique réforme du collège devant s’appliquer à la rentrée prochaine, répond la mise à mort programmée des langues anciennes, grâce auxquelles les jeunes Français, quel que soit leur milieu d’origine, trouvaient, il n’y a pas si longtemps, un modèle de rigueur grammaticale et un éclairage irremplaçable sur les racines de leur langue.Ainsi cette 9ème livraison de notre « Lettre » est-elle largement consacrée à notre souveraineté linguistique, la langue française étant notre bien commun, ce bien précieux légué par la longue et glorieuse histoire de notre nation, dont l’unité s’est largement faite justement du même mouvement que notre langue s’est construite et unifiée. Mais elle est aussi, et surtout du point de vue de notre ambition pour l’avenir de la France, ce qui doit être sauvegardé à titre de nécessaire vecteur de notre rayonnement. Dans les pages qui suivent, nous revenons notamment sur la conférence commune donnée, à Nantes, par le Collectif Racine et le Collectif Mer et Francophonie : nos amis du COMEF qui réfléchissent et œuvrent en direction de ce rayonnement n’ont de cesse de nous apprendre combien la francophonie constitue une grande cause et un motif d’engagement pour l’avenir.
Mais la sauvegarde de la langue française, dont l’enseignement doit occuper une place centrale, se justifie d’autant plus qu’elle constitue aussi un vecteur d’assimilation. Aux temps déjà anciens de la conscription, alors que la langue naturelle demeurait pour beaucoup de jeunes Français le patois de leur région d’origine, ces derniers devaient à l’Ecole et à l’Armée, où la seule langue commune était le français, de parvenir à transcender ces particularismes. Ce rappel souligne la nécessité, à une époque où, souvent, dans les classes, la langue parlée communément par beaucoup d’élèves est celle de leurs pays d’origine, langues dont ils ont principalement l’usage en famille, à une époque où la société française est gravement menacée dans sa cohésion par un communautarisme croissant, d’enseigner plus que jamais le français en le tenant pour ce bien commun dont le legs est l’une des plus nobles missions qui échoit à l’Ecole.
Ceux en revanche qui, aux responsabilités de surcroît, dilapident l’enseignement du français, se rendent coupables de renoncer au principe et à l’ambition d’une République assimilatrice, et se font les premiers complices de ce qui fracture la cohésion nationale.