» Les Pieds sur terre «
Edito d’Alain Avello pour le n°3 de la « Lettre » (octobre 2014)
Il y a un rapport religieux au progrès qui conduit à cette fuite en avant vers ce que l’on croit innovant, même si c’est pour le pire. Et l’on se pâme de surcroît face à la modernité dont on se convainc de faire preuve. Le Monde daté du 10 octobre nous apprend ainsi, en un article sidérant, signé Maryline Baumard et titré « L’école française en retard d’une révolution », que des « experts » et « spécialistes » internationaux s’emploient à tracer, sous l’égide de la « Qatar Foundation » (!), les perspectives de l’Ecole du futur. L’on nous parle donc d’une Ecole où les enseignants seront devenus des « facilitateurs d’apprentissage », où les cours seront « de plus en plus individualisés » et, bien sûr, où l’on ne perdra jamais une occasion de se prosterner devant le dieu numérique.
Ah ! le numérique ! Voilà donc le remède, l’universelle panacée à tous les maux dont souffre l’Ecole, au point que nos gouvernants placent toute leur foi dans un « grand plan numérique », sous l’œil, n’en doutons pas, bienveillant de ces brillants « experts internationaux ». Il est vrai que ce nouveau culte répond, nous l’écrivions récemment, à la logique mondialiste qui requiert des enseignements déterritorialisés et un niveau de conscience à l’avenant.
Le Collectif Racine, lui, à la différence des apôtres du pédagogisme 2.0 et des « experts » financés par le Qatar, a les pieds sur terre : il se soucie, par exemple, des conditions dans lesquelles les enfants et les jeunes de France étudient, et alertera désormais sur les faits de violence scolaire, laquelle a depuis trop longtemps dépassé le seuil de l’intolérable. Il se soucie tout autant des dérives que connaît le système de formation professionnelle, à laquelle cette troisième livraison de « La Lettre » est largement consacrée, tant la mise à plat de ce système et de ses financements représente un enjeu national ! Et il n’a de cesse, ce faisant, de préparer l’avenir, un avenir qu’il n’abandonne pas à la logique mondialiste des « experts », mais qu’il conçoit avant tout et indéfectiblement comme français !